L´argot de Gainsbourg
La javanaise (1963)
J'avoue j'en ai bavé, – pas vous ? – mon amour
Avant d'avoir eu vent de vous, mon amour
nous nous aimions le temps d'une chanson
A votre avis qu'avons nous vu de l'amour ?
De vous à moi vous m'avez eu mon amour
Ne vous déplaise en dansant la Javanaise,
nous nous aimions le temps d'une chanson
Hélas avril en vain me voue à l'amour
J'avais envie de voir en vous cet amour
Ne vous déplaise en dansant la Javanaise,
nous nous aimions le temps d'une chanson
La vie ne vaut d'être vécue sans amour,
mais c'est vous qui l'avez voulu, mon amour
Ne vous déplaise en dansant la Javanaise,
nous nous aimions le temps d'une chanson
Exploitation pédagogique :
– Niveau A2 : travail sur les sonorités; analyse globale de la chanson
– Niveau B1, B2 et plus : travail de phonétique; analyse détaillée de la chanson (registre et grammaire)
Introduction
Connaissez-vous l’histoire de la Javanaise ? ”Cette Javanaise qui fut si imcomprise parce que j’y parle javanais”. C’est ainsi que Serge Gainsbourg lui-même donnait la clé de sa chanson lors d’un interview. Car la Javanaise n’est pas une danse, contrairement à ce que donne à penser le texte et le rythme de valse de cette chanson. Ne confondez pas avec la java, qui est une danse populaire des bals musettes, née au début du XXe siècle.
La ”Javanaise” est un exercice de style du poète Gainsbourg, un jeu brillant sur les sons et les mots. Dans les années 1950-1960 en France, il existe un argot à la mode le ”javanais” qui consiste à ajouter les syllabes ”-AV” ou ”-VA” au milieu de presque tous les mots. Dans son texte, Gainsbourg imite le javanais, mais, c'est là l'audace, avec les ressources propres de la langue commune. Le résultat est un texte d'une grande musicalité, qui est d'ailleurs devenu un standard du jazz vocal, et constitue un véritable régal pour en faire une exploitation pédagogique, axée sur la phonétique.
Pour plus d'information sur l'argot (Largonji, Javanais, Verlan) voir :
http://www.apprendre-en-ligne.net/crypto/amusant/argot.html
Déroulement de la séance (niveau A2) :
- Faire une première écoute de la chanson, en demandant aux élèves de faire attention aux sonorités et à la musique de la langue.
- Quels sont les sons qui se répètent le plus dans la chanson ? Il y a plusieurs réponses possibles : [v], [va] et [av]; [u] et [y]; [ε]; et enfin les nasales [ã] et [õ].
- S'ils n'ont pas trouvé les sons principaux, faire une deuxième écoute de la chanson.
- Distribuer le texte de la chanson. Demander aux élèves d'entourer tous les sons [av] ou [va] : attention, certains sont ”à cheval” sur deux mots.
- Faire lire le texte à voix haute. Faire des exercices de phonétique corrective; par exemple : sur le [v] à distinguer du [b] et la discrimination [u] et [y].
- Explication du sens global de la chanson : le récit d'un amour fugace, sans doute fantasmé par le poète.
- Chanter et faire chanter tous ensemble, avec la chanson en fond sonore (volume bas).
Suite de la séance (niveau B1 et supérieurs) :
Après avoir expliqué le sens global de la chanson (6ème point), faire une analyse plus détaillée.
- Analyse du registre de langue: pourquoi le recours au vouvoiement est-il surprenant ? Qu'indique-t-il ? Qu'indique la présence de la formule de politesse ? Réponse
- Analyse grammaticale : faire souligner ou entourer les verbes à l'imparfait et les verbes au passé composé. Faire remarquer leurs différents usages dans la chanson. En profiter pour rappeler la lecon sur la différence entre imparfait et passé composé.
- Dernière écoute : chanter et faire chanter tous ensemble, avec la chanson en fond sonore (volume bas)
- Conclusion (optionnel) : élargissement culturel sur le Paris des années 1960, Saint-Germain-des-Prés, Juliette Greco.